poussières

Il s’est assis au pas de la porte, a déposé ses souliers poussiéreux sur les marches fraîchement peintes. « J’ai les yeux grand ouvert et le cœur en sourdine », disait-il à une passante.

Il riait de voir les choses du monde rebondir sur sa peau – la peinture écaillée d’une voiture, des enseignes rousses comme des renards de midi, les fenêtres et leurs reflets grinçants. « Regardez, disait-il, tous les voiliers du monde se mouiller aux caresses de mes pores. Qui, qui d’entre vous veut s’embarquer pour le voyage? »

Le dormeur sentait dans ses semelles le rythme de la ville. Une grande pulsation, suivie du souffle chaud d’une baleine bleue. « J’ai le cœur en sourdine et les mains gercées par le temps toujours invisible. » Sa voix s’est mise à rouler de marche en contremarche – elle s’égarait dans le bois craquelé, se diluait dans la fraîcheur peinte.

Il fermait les yeux. Lent et lourd, il appuya sa tête contre le mur aux soupçons d’agrumes. « Du papier sablé », avait-il laissé filer d’entre ses lèvres.

*

Ce matin-là, derrière un voile de plâtre agrémenté de volets bleus, on pliait un drap contour avec toute l’application d’une grand-mère fatiguée. Au premier, on repassait une chemise en pleurant – le plus silencieusement du monde.

Dans la chambre d’à-côté, la cafetière envoyait ses enfants au bord de la fenêtre, pour attirer les passants endormis.