la grande tranchée


C’est avec le regard cerné et les pieds un brin traînards que je me suis engagé dans cette ruelle. Une grande tranchée rouge fendue d’un ciel blanc. En voulant éviter une flaque d’eau j’ai trébuché sur un dos d’âne, me suis agrippé à un grand mur défait par la pluie. Il m’a supplié d’emporter ces grains de sable rouge qui lui collaient à la peau.

Mes pas ont débouché sur la rue. J’avais les mains rougies par les murmures de la Grande tranchée. Il m’a semblé tout à coup que le ciel s’ouvrait, m’enveloppait de sa blancheur, m’envoyait à la dérive comme un grain de sable emporté par la houle.