de froid

Journée de grand froid. Le premier vrai de l’hiver. À la radio, on disait que les musiciens – dans ce cas-ci les violonistes – trouvaient ça difficile. Pris mon café, sac-à-dos, direction métro. Le chat du 2202 s’est remis à bouder depuis quelques jours. Dans le parc, les passants avaient le bec pincé. Poussé la porte, tourbillon chaud froid qui chatouille les lobes d'oreilles à peine couverts par la tuque. Taches de calcium dans l’escalier, la coulisse quotidienne du toit fumé de la station. Me sentais chez moi. Tourniquet.

Pris place entre un sac, une sacoche, une canne et quelques manteaux porteurs de tuques. Aussi, à ma droite, un homme qui traînait une boîte métallique – les lunchs de la journée, sûrement. Emmitouflé sous plusieurs pelures d’oignons, il suait un peu déjà. Bottes de construction. Il allait trouver la journée dure. Sa main, posée sur le poteau, avait les ongles plutôt longs – en-dessous, des traces d’huile et de ciment. À l’arrêt, il a ouvert et fermé sa main à plusieurs reprises. Elles étaient gercées. Elles le sont toujours. Ce matin-là, à la radio, on a parlé des violonistes, les mains dans leurs gants et les gants dans leurs poches.

Station Berri, un sourire sur ce visage attaché à des mains gercées. Une boîte à lunch métallique, des bottes renforcées d’acier, plusieurs pelures d’oignon. Une tuque mince avec, en-dessous, un nez aux veines éclatées, ci et là. Passé les portes, il a glissé une main dans la poche de pantalon doublé, a monté l’escalier une marche après l’autre, question de retarder le froid.