siesta

Le soleil, dans sa dernière minute ronde, révèle à mon regard la silhouette d’un enfant endormi sur la glissoire du module de jeu. Une main et un pied pendent au-dessus d’un château de sable.

Mon ombre nonchalante s’avance silencieusement dans le parc. Une partie de balle molle derrière la clôture froide, résonne d’une chaleur de fête. Des airs de salsa et de merengue, de bachata. Des rires et des pas de danse, dans le sable qui borde le marbre.

Un banc de parc, au-delà de la pataugeuse, comme une barque à la dérive, emporte une voix grasse et pigmentée comme du lapis – des accords de guitare et des feuilles qui, encore, refusent l’approche de l’hiver.

Mon regard empiète sur les courses imaginaires d’un gamin qui chevauche fièrement son Big Wheel. Soudain sérieux, il pétarade les notes d’une Oldsmobile. À la croisée du sentier, ses cris de victoire se mêlent à mes rires : « T’as gagné, je m’avoue vaincu! »