L'homme est arrivé au village. Il déchiffre, effacé, le nom du lieu. Rien ne bouge. Depuis longtemps, le village est abandonné. L'homme s'arrête. S'assied sur une pierre sur laquelle il se pose chaque fois qu'il revient. Sort sa gourde, un saucisson, un morceau de pain. Il respire. Rien ne se passe, rien, si ce n'est que par sa présence, par son regard, il permet à ce lieu perdu, où nul ne vient durant des mois, de vivre à nouveau. Et ce lieu sans âme qui vive, lui permet de traverser cet instant de quiétude. Le temps d'une marche, le temps d'un arrêt, un homme et un lieu ont lié connaissance. L'homme regarde ce lieu. Il lui semble percevoir le regard de celui-ci. Et ce lieu, peut-être, lit-il dans les pensées de l'homme. »
- Alain Médam, «Traversées», in L'étonnement et la réflexion. Retour vers la philosophie, p. 83