les joueurs de balle molle s'abritent sous des parapluies de golfeurs


Vers 23h00, jour ouvrable, mais qui se ferme peu à peu. À ma sortie de la station de métro, je déboule dans le parc Préfontaine qui, à cette heure-ci, est aussi endormi qu’un matou. N’empêche, ci et là ses moustaches sont remuées par quelque pluie et ventouille délicates. Près du chalet, une adolescente en cavale imaginaire se craque une canette de bière, laisse courir son mascara avec l’eau qui lui ruisselle sur le visage. Un peu de mousse de Bleue sur l’asphalte rongé par l’ennuie. Une pluie grasse me tombe dessus, me fait coller au sentier du parc, comprendre le silence enjoué de ces habitué(e)s de la balle molle qui se trémoussent sous un de ces immenses parapluie de golfeur. M’ont l’air d’une bande de pingouins… Leur banquise, rien de moins que ces estrades de bois un peu mal foutues, mais confortables. Me vient l’odeur du sable mouillé et des jeux d’enfants qui, de l’autre côté de la rue, ne dorment toujours pas et ne demanderont pas d’histoire avant d’aller au lit. Une cycliste passe mon chemin, essoufflée mais rieuse avec sa tête d’ananas. Les balançoires vides grincent puis je me déverse dans la ruelle Winnipeg.