médéric.fm


Médéric-Martin, ce matin-là, m’a faire tendre l’oreille. Il n’y avait pas grand-chose, sinon du silence et des grésillements dans ces écouteurs abandonnés. Par jeu, je me suis accroupi, puis assis sur une pierre, regardant le carré de sable occupé par des modules de jeu. Le sable était encore piqué ça et là par les semelles des gamins qui se prennent pour Usain Bolt quand leurs parents ne leur tordent pas l’oreille gauche. La pluie avait donné au sable des allures de cassonade.

J’ai syntonisé mon récepteur intérieur sur médéric.fm, et j’ai attendu que ça monte doucement comme des larmes ou une marée paresseuse. J’ai entendu les pas du vieux joggeur s’harmoniser aux pas lourds du grand danois qui, avec sa maîtresse, vient délier ses jambes de mannequin entre les arbres et les bancs de parc. J’ai entendu la fontaine couler à nouveau et cette vieille dame chinoise, tout de blanc habillée, nourrir les pigeons. J’ai entendu le vent glisser sur les feuilles et entre les pieds de la vieille qui, lorsqu’elle s’assoit sur les grands bancs de Médéric, ne touchent plus à terre. Alors, avec son sourire et sa peau tachée par les années dures, elle prend les airs d’une poupée de porcelaine.

J’ai entendu des devoirs d’enfants glisser contre les clôtures rouillées, des mauvaises blagues lancées par les riverains du coin. Puis ça a été le tour des balles de tennis et des raquettes, de l’autre côté de Rouen. Mais à travers ces sons, une image. Sur fond de rouge et de vert, traversés d’une ligne blanche, une vieille bottine de cuir restée là pendant des mois, tout l’hiver, sans tapeur de balles pour venir déranger sa sieste. Des grésillements et, à nouveau, la solitude.