du sable entre les orteils


Le soleil tombe sur Homa Kingdom et le parc Préfontaine, Raymond de son prénom, est un des derniers endroits en-dessous de la rue Hochelaga qui se voit gratifié d’une langue de soleil. C’était jeudi passé, mais le parc, filtré dans le tamis de la peau, s’accorde encore au présent. Le petit, les joues lourdes mais le pied assuré, va sur la petite passerelle qui lie les deux sections du module de jeu. De sa main pas plus grosse que ça, il serre l’index de son père pour ne pas tomber dans cette rivière qui s’ouvre sous lui – rivière qui, dois-je le rappeler, est peuplée de poissons à dents de scie et de requins-marteau. Une fois le ponceau bravé, il s’accroche à son père pour ensuite atterrir dans le grand carré de sable. Il y plonge les mains, s’en envoie un peu dans le visage – ça fait partie du rituel. Après la construction de quelques châteaux peuplés de princes et de méchantes reines, c’est le retour à l’appartement, de l’autre côté de la rue. Les souliers du petit sont secoués sur le balcon et débarrassés des grains inopportuns, mais pas ceux du père. Peut-être est-ce sa façon à lui de rester gamin sans qu’on le sache, en amenant le parc en douce… dans ses souliers.