les astronautes de l'espace vert


C’était d’abord le ronron des moteurs qui s’est mis à gonfler dans les oreilles. Puis est venue l’odeur de l’herbe fraîchement coupée, l’odeur de l’huile mélangée à celle de l’essence, accompagnées ici et là d’un petit nuage bleu – ou deux.

Chacun leur fonction : un gars qui traînait la tondeuse du mieux qu’il le pouvait autour du carré de sable des 2 à 6 ans, puis le long de l’allée principale du parc; une fille avec des veines grosses comme ça dans les bras, des gants immenses et le coupe bordure devant bien faire trois fois son poids (ceci dit, Weed Eater sonne plus gentiment à mon oreille, tout en rappelant le calme des ruminants si on opte pour une traduction mot à mot : Mangeur d’herbe… et l’idée d’un ruminant qui ronronne me fait bien rire); une troisième qui file à toute allure sur le terrain de baseball avec son rutilant tracteur à gazon…

Tous trois, avec leur protège-oreilles et leurs immenses lunettes de plastique, sans parler de ces dossards qui rappellent la tête de David Bowie dans le vidéoclip de Space Oddity… Ils me donnaient l’impression de patauger dans un parc qui n’était plus le mien, vaporeux. Ceux qui travaillent sont parfois de bien drôles de personnages : les astronautes de l’espace vert, peut-être, le temps de refaire une beauté au parc.