la vie est belle...


Il n’y a pas si longtemps, lors de cette même marche qui m’a ramené sur les rivages des Ruellards, je me suis pris à marcher sur la rue Ontario, à la sortie des classes. Des bêtises volaient de trottoir à trottoir, les « retourne chez toi niquer ta mère » et les « va branler ton chien » côtoyaient le pas de course des gamins et les premières amours du printemps. Un beau quartier que le mien.

Est venu pourtant le moment où mon cœur s’est serré en voyant cette bande d’ados, encerclant je ne sais qui ou quoi qui se faisait donner des coups de vieilles galoches et de Nike. Une initiation de gang de rue que je me suis dit, ou encore un règlement de compte. Peut-être un petit de maternelle de se faisait ramasser par ces grands nonchalants aux bras trop longs et à la pensée trop étroite. Même des adultes admiraient le spectacle! Sur le point de crier à l’adresse de ces grandes échalotes, un ballon de soccer a roulé dans la rue… Je me suis vu floué par mon imagination. Cette fois-ci, au moins, ça aura été rassurant.

Mais les dessous du quartier ne sont pas tous tissés de cette dentelle de l’imaginaire. Accompagné de J. à la poursuite de ce rien sympathique qui anime le type de marche que j’aime, je me suis enthousiasmé à la vue de quelques mots inscrits à la craie sur le trottoir. Ces messages permettent de tâter le pouls d’un quartier, de rire de ses travers parfois, de l’apprécier un peu plus même s’il peut paraître plus souvent qu’autrement, sale et peu accueillant pendant que le grand ménage du printemps bat son plein. Il était écrit que « La vie est belle… »

C’était tout simple et très joli. Les lettres doublées en jaune et en bleu. Quelques pas plus loin, rue Rouville, ce message d’enfant a pris la voix d’une mère outrée : « sans prostitution devant nos enfants. » Je me suis souvenu qu’Hochelaga avait ses cicatrices, et qu’elles vont et viennent sur le trottoir… entre la pluie et le soleil.