dans la barbotteuse, une partie de soccer

Dans le wagon de métro, en route vers mon parc d’adoption, un enfant au regard d’adulte et la voix d’un homme-enfant qui raconte des histoires de rien : des écouteurs oubliés, des dettes entre amis, la fille du voisin. Et l’enfant, pas plus de neuf ans, un regard déjà cerné et sérieux, une bouche soudée à son foulard, un sac à dos, le dos courbé. Les mains tachées d’encre rouge et bleue, un peu de mauve aussi.

Préfontaine. Les portes s’ouvrent, me laissent couler sur le quai – encore accroché à ce regard écorché. Prends les escaliers, passe le tourniquet. Le plafond vitré qui coule, comme toujours, en plein milieu de l’escalier. Ai poussé la porte. Le sifflement du vent sous le manteau.

Les écureuils courent devant moi, paniqués par l’hiver qui se trouve à quelques pas d’ici. Des planchistes roulent leur bosse sans trop y croire, près des rampes. Des chuchotements derrière un arbre. Les rayons du soleil prennent dans les feuilles jaunes et tenaces, les nervures brunies.

Dans la barbotteuse, une partie de soccer. Quatre jeunes, moins couverts que moi, qui courent à s’époumoner. Faucher qui passe à gauche, déjoue Ti-Gus, tir bloqué par Le Gros, comme ils l’appellent. Contre la clôture, le commentateur sirote un jus de raisin.