croquet

Préfontaine. Je profite de la dernière journée de l’été des Indiens pour me baigner dans le soleil. Dans le parc c’est un silence accompagné de quelques rires de fin des classes qui m’accueille. Quelques rayons un peu paresseux trottinent encore sur l’asphalte du sentier, constellé de flaques d’eau et de bouchons de bière. Un homme, bottes tachées de ciment, sieste sur l’un des bancs-barques accosté près de la barbotteuse – sa boîte à lunch métallique repose sur son bide. À ses côtés, une boîte de carton tachée de gras de volaille et de sauce. Ne restent que quelques frites qui se feront chiper par les écureuils.

Sur le terrain de baseball, un homme et son chien et son frisbee. À main gauche, deux ados partagent une cigarette au foin. Leurs pieds se balancent au-dessus de quelques tags, effleurent un graffiti-hommage à Hochelaga Kingdom. Je m’arrête près de l’aire de croquet – que je croyais jusqu’ici être destiné à la pétanque. Une boule d’aluminium échouée près d’un arceau. Le soleil la fait jouer entre ses doigts. Il y a quelque chose dans la forme qui… je m’approche. Au fond là-bas, au bord de la rue H., une tribu s’amène avec ses planches et ses roulettes, les casquettes à l’envers aussi. Je ris. C’est une poignée de porte. D’un gamin ou d’un vieillard, je ne sais qui l’a posée là, car elle semble bien avoir été posée, cette poignée. Je sors l’appareil photo en me disant que le moment est rare. Je devrai l’oublier un peu avant d’ouvrir sa porte, à l’aire de croquet – peut-être pour une nouvelle, sait-on.



Je reprends la marche. Un Thierry et sa m’man s’échangent une balle orange derrière l’aréna. C’est 4-0 déjà! La rue Winnipeg me tire la manche gauche. Dérive.