quelques jours de ça

Trop de gens à la station de métro, ce matin. Je paresse de longues minutes à regarder les portes ouvertes des wagons. Des yeux qui roulent et des soupirs qui houlent. Parmi ceux qui attendent, sans faire d’histoire, on lit le journal du matin, on tambourine discrètement sur le bord d’un thermos à café. Mais entre les silences solitaires de l’anonymat urbain se tisse quelques secrets, quelques mots doux dans le creux d’un cou, mieux encore dans le duvet d’un capuchon qui chatouille le bout du nez. Se tisse une courtepointe de paroles dont je n’arrive plus à saisir les fils – incapable que je suis, parfois, de différencier cette langue silencieuse qui m’accompagne dans mes rêveries de celle qui m’est donnée par chaque passant, chaque scintillement du soleil sur la neige. Puis ça casse. Une voix en boîte annonce le prolongement de l’arrêt de service pour une période indéterminée. On prend les escaliers, on rouspète, reprend le cellulaire qui avait réussi à se taire jusque là. Je sors de la station – le vent est froid, le soleil si blanc qu’il se fond dans l’étendue pâlotte du ciel. Je n’ai plus qu’à marcher. Par là, oui. Le plus distraitement possible.