the red shoe on the rooftop


Premier déjeuner dans le nouvel appartement. Un peu désorienté, le nez bourré de l’odeur de la peinture et les mains brisées par une semaine de plâtrage, de ponçage, de coups de pinceau et de coups de marteau, je pose mon bol de Corn Flakes sur la table – que je dois mettre à niveau. J’ai le dos en cédille, les yeux pochés comme des œufs peuvent être pochés. C’est la première fois depuis deux ans que je déjeune, chez moi, accompagné de l’éclat du soleil. Sur la rue Darling, c’était toujours dans la pénombre, orientation du logement oblige.

Côté ruelle, j’entends la voix de fumeuse de Carole, dans la cour du premier, jaser avec son colley. Lassie, ce n’est pas un nom original, pour un colley… Ça gigote un peu, en-dessous, chez les Stephens. Côté rue, il est encore trop tôt pour que les gamins de la Relâche se crient des injures, faute de devoirs à faire.

Janie se pointe le bout du nez dans le cadre de porte de la salle à manger. Salut… qu’elle me dit en frottant ses yeux cachés sous ses cheveux en pagaille. Elle s’assoit et me vole un bisou, puis quelques bouchées de céréales. Après un moment à se partager la cuillère, je regarde par la fenêtre. Qu’est-ce que tu regardes comme ça? La godasse Nike rouge… Je la trouve plutôt sympathique. Ce n'est pas tout à fait la paire de souliers rubis de Dorothée, mais juste assez pour se sentir chez soi.